Panorama 3Le Havre, au détour d'une rue, au fil des chemins

Où l’on découvre un soutien sans failles.

1853. Eugène Boudin, jeune artiste de presque 30 ans, envoie ses dernières toiles au musée du Havre. Né à Honfleur, de l’autre côté de l’estuaire de la Seine, il sait que ces tableaux seront accrochés aux murs du musée dès leur arrivée. Pourquoi en est-il si sûr ? Parce qu’il a un accord avec Le Havre…

Anonyme, Eugène Boudin peignant sur la jetée de Deauville,

1896, photographie, Musée Eugène Boudin, Honfleur

Sa ville d’adoption lui a en effet offert une bourse afin de poursuivre sa formation artistique à Paris. En échange de ce revenu, le jeune homme s’est engagé à copier des chefs-d’œuvre du Louvre pour enrichir les collections de peintures du Havre. Boudin est donc exposé très tôt au musée, mais pas sous son propre nom…

Eugène Boudin, Nature morte au potiron,

vers 1854-1860, huile sur toile, 56,5 x 83 cm, MuMa, Le Havre / Photo : Florian Kleinefenn

Il n’attend pas longtemps, cependant. En 1859, il participe pour la première fois au Salon de Paris, une exposition dans laquelle les artistes présentent et vendent leurs œuvres. Boudin propose une toile montrant une fête religieuse en Bretagne. Et le tableau se vend ! Belle réussite pour une première. Mais qui se trouve derrière cet achat ? La ville du Havre, bien entendu ! Elle continue de soutenir cet artiste sur la voie du succès. Et celui-ci s’en souviendra toute sa vie.

Eugène Boudin, Le Pardon de Sainte-Anne-la-Palud au fond de la baie de Douarnenez (Finistère),

1858, huile sur toile, 87 x 146,5 cm, MuMa, Le Havre / Photo : Florian Kleinefenn

Je n'aurai pas l'ingratitude d'oublier que c'est la ville du Havre où j'ai été élevé qui m'a encouragé et pensionné pendant trois années.
Eugène Boudin

Pierre Petit, Portrait d’Eugène Boudin, photographie, musée Eugène Boudin, Honfleur

À la fin de sa vie, Boudin décide ainsi de faire don d’une peinture au Havre. Et ceux qui, après sa mort, se chargent de sa succession, offrent 240 œuvres supplémentaires au musée. Les enrichissements continuent tout au long du 20e siècle et même du 21e siècle, faisant ainsi au musée du Havre, devenu depuis le MuMa, l’écrin de l’une des plus vastes collections d’œuvres d’Eugène Boudin.

MuMa,

Photo : Ludovic Maisant - LHENT

Soutenu à ses débuts par la ville du Havre, Eugène Boudin lui est resté fidèle jusqu’à la fin de sa vie.